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Challenge Protwin – SuperDuke Cup Castellet 2018[/size]
La saison est lancée, la première épreuve de l’année se déroulait ce premier week-end de printemps (pour nous autres Corses nous nous pensions plutôt en Sibérie occidentale) au mythique circuit Paul Ricard.
Pour les plus pressés : Un week-end formidable dans une super ambiance, comme on les aime, des résultats logiques : Les meilleurs ont gagnés.
Avant de vous compter mes aventures ou plutôt les aventures de quelques Corses (cette année nous nous déplaçons en force en Gaulle), je tiens à remercier l’organisation du challenge et KTM En France pour leur accueil chaleureux, leur superbe organisation ainsi que tous les participants à ce challenge qui sont tous plus sympas les uns que les autres.. En un mot : Merci.
Cette année nous sommes 4 à partir de Corse pour participer à ce challenge.. Par ordre alphabétique, Greg Murari, Adrien Santoni (des rallyes Man connus), qui font également la SuperDuke Cup avec moi, et Robert Selezneff qui coure après son Aprilia RSV4.. (Il a connu toutes les misères avec cette Aprilia depuis son acquisition en décembre.. Sans l’aide précieuse de Passion 2 roues, Concessionnaire Aprilia à Ajaccio, qui a réussi à dépanner la moto la veille du départ.. et l’aide toujours précieuse de CTM83 (Hervé Ricord) qui lui a prêté une KTM SuperDuke 1290 pour s’entraîner et pour la course au cas où.. Robert n’aurai pu participer).
Nous avons uni nos forces (et nos faiblesses) au sein de la Corsica Team 2018, rejoint par Bruno Marlin qui a usé ses cuirs sur de nombreuses motos et side cars durant plus de vingt années dans différentes compétitions. Bruno nous fait très gentiment l’assistance.. enfin surtout la mienne parce que je suis le plus vieux de la bande et que je le vaux bien
Pour cette première épreuve nous étions directement soutenus, sur place, par trois supportrices de chocs bientôt rejointes par Diego et Nath qui ont fait le déplacement depuis notre île pour venir nous assister.
Les présentations faites, venons aux faits, à ce qui nous passionne..
Pendant que je range mes affaires dans le fourgon avant de partir, je reçois la visite de mon illustre Voisin en la personne de Bruno Langlois qui me laisse un sac et son casque que je prendrai dans le fourgon. Bruno participe à l’EUROPEAN ENDURANCE LEGEND CUP,
une épreuve d’endurance de nuit, au Castellet, sur une superbe Kawasaki.. Pourquoi je vous parle de ça ? Hormis le fait que le double vainqueur de Pikes Peak habite dans mon quartier et que je ne peux même pas prétendre au titre de champion du quartier.. Sans Bruno j’aurai été très ennuyé. Après avoir embarqué à 20h sur le ferry, avoir fait l’apéro, normal me direz vous, être passé au resto.. je me rends compte à 22h30, alors que le réseau (SFR) ne fonctionne plus du fait de l’éloignement, que j’ai oublié mon sabot, enfin celui de la moto.. que sans sabot.. pas de course.. Heureusement Greg est là et son opérateur à une meilleure couverture.. Nous parvenons à joindre Bruno et mon frère pour que ce dernier remette le sabot à Bruno qui me le rapportera par avion le lendemain.. Tout se termine bine mais c’est une anecdote qui ne colle pas avec mon souci d’organisation.. La fatigue accumulée du voyage à Magny cours et au Castellet la semaine précédente n’est pas totalement évacuée.. Heureusement je n’ai pas oublié la moto..
Je vous passe le jeudi qui sera consacré aux vérifs techniques et aux retrouvailles de têtes connues et toujours autant appréciées pour en arrivé directement aux choses sérieuses.
Vendredi 8 :30, par un froid polaire (pour nous les Corses 7 degrés c’est un froid polaire), débute la seule séance d’essais libres du week-end. Le temps de roder les pneus après un réveil très matinal.. à peine le temps d’essayer de réveiller le corps que la séance prend fin. Cette séance est surtout utile pour Robert qui ne connaissait pas le Circuit du 5.8, pour Greg et Adrien qui découvrent enfin la chicane Nord, celle qui coupe la monstrueuse et célèbre ligne droite du Mistral.
12 :30 : Première séance qualif. Greg prend la tête de la team avec un beau 2.24.960 en 29ème position, Adrien moins à l’aise fait tout de même 2:26.702 et ravi la 32ème position, Robert qui n’a pratiquement jamais roulé avec sa moto se qualifie en 2.31.669 en 38ème position. Quant à moi, je ne retrouve pas le feeling habituel avec mon frein avant.. je suis à la ramasse en 2.25.396.. Je ne suis pas réveillé.. Au retour au stand, je découvre les chronos de Laurent Filleton 2 :22.753 et Eric Antunes 19ème en 2 :21.597.. Le fait de m’être fait rentré par le jeune (Greg) et celui de constater les jolis chronos des copains, me remotive immédiatement pour la suite.. L’explication aura lieu en seconde qualif.. Enfin c’est ce que je pense à ce moment là..
16h : Seconde qualif : C’est le moment de se sortir les doigts.. Je décide de virer l’ABS pour avoir un meilleur freinage.. L’effet est immédiat.. Dès le premier freinage je suis surpris par le mordant, par la puissance du freinage.. au point de devoir ré-accélérer pour rejoindre le virage.. Second gros freinage idem.. Décidément le changement à du bon, je vais pouvoir gagner au freinage, d’ailleurs je gagne près de 50 m à la chicane Nord.. C’est parfait .. et du moins bon..
Je monte les rapports dans la courbe du Garlaban (la grande courbe droite après le double droite du Beaucet et le nouveau gauche), 4 puis 5 que je tire comme un sauvage avant de prendre le frein pour relever la moto.. pour faire l’intérieur à deux concurrents.. Hélas, j’oublie que j’ai désactivé l’ABS.. qu’il faut presser moins fort le levier.. L’effet est immédiat.. Avant de toucher le sol, je sais pourquoi je vais déguster.. Alors que j’achète un peu de terrain dans le bac à gravier sur la gauche, la moto traverse la piste en glisse et s’arrête sur le côté droit.. assez loin.. Je me relève assez rapidement.. regarde de l’autre côté.. ouf, je n’ai pas fait de strike.. Je n’ai rien.. la moto n’a pas semé de pièces.. Tout va bien de ce côté là.. mais pour une meilleure qualif c’est raté.. d’autant que mes compères vont tous améliorer leur temps et que je partirai du coup en 31ème position en 11 ligne.. Ca va être chaud..
De retour au Paddock, une rapide inspection de la moto me laisse penser que je pourrai faire la course le lendemain. En effet, les protections ont joué leur rôle.. la moto n’a rien à part un guidon légèrement tordu, le repose pied et la pédale de frein.. J’ai ça dans le fourgon en pièces de rechange et KTM, qui à pensé à tout, me fourni une des pièces manquantes que je réglerai à mon concessionnaire. Bruno s’attèle au remplacement des pièces.. une heure après la moto est de nouveau fonctionnelle.. Il reste plus qu’à enlever quelques graviers du sabot..
La soirée se passe bien.. Les copains ne me chambrent pas trop (ce doit être le respect de l’âge, ou alors ils étaient eux même trop fatigués..).. pourtant ils pourraient, ils sont devant.. A leur place je n’aurai pas hésité..
Samedi matin, après une bonne nuit réparatrice, j’ai quelques douleurs mais rien de bien méchant (poignet, main, épaule et cheville un peu douloureux), rien qui ne m’empêchera de prendre le départ à 15h.
Au petit déjeuné, je retrouve Alain Frattini qui a étudié la grille de départ.. Il est juste derrière moi. Il me dit qu’il va passer à gauche.. Je suis prévenu, je sais qu’Alain fait des départs de folie, au Mugello la situation était quasi identique et il m’a fait deux fois sur deux.. Un vrai lion le bel Alain :)
Arrivé au paddock, je fais un essai de la moto.. tout est nickel. Mes petites douleurs ne m’empêcheront pas de prendre le départ.. je serai juste un peu plus raide sur la moto.. j’ai du mal à m’appuyer sur la cheville droite.. mais je peux passer les vitesses, accélérer et freiner.. donc c’est bon :)
Quelques copains du Rallye sont là, Fassouli qui aide Laurent Filleton, Jerôme Paulsen et sa famille..
venus encourager mais aussi Pierre Lemos et Kevin Cheylan qui participe à la Course en BOT (machine ancienne) et qui fera d’ailleurs deux beaux podiums. J’ai également la joie de voir Régis et Georges.. deux multifadas venus à la Sunday Ride Classic qui me font l’amitié de passer
La tension monte, on se détend comme on peut.. Je ferme les yeux et me remémore le tracé, ce que je dois impérativement améliorer.. les points de déclenchement, les points de freinages.. Il est impossible pour moi de laisser les jeunes devant. Je dois donc me les faire.. en restant sur mes roues, sinon ça servirait à rien.. et puis ma femme est là.. Elle a eu peur hier.. je voudrai pas qu’elle me fasse une attaque.. ni qu’elle me donne des coups de parapluie d’ailleurs (je lui en ai acheté un plutôt solide avant de venir.. trop ?)
Prégrille, tour de placement, tour de chauffe et.. put.. je ne vois pas mon numéro sur la grille.. je cherche en vain les numéros de lignes sur le côté (que je ne vois pas) lorsque je me rends compte que je suis trop loin.. à l’emplacement 16.. Chiotte.. je m’arrête, regarde derrière moi pour ne pas couper la route à un concurrent qui viendrai se placer sur la grille.. et fait demi tour en prenant soin de ne gêner personne et remonte à ma place.. moteur en route.. C’est évidement interdit.. mais je ne voulais pas que le départ soit retardé par ma faute.. ni que les pneus refroidissent, ni pour moi ni pour les autres..
A peine rangé à mon emplacement, le commissaire agite le drapeau et quitte la piste.. les feux s’allument.. s’éteignent et c’est parti.. surpris par le mauvais départ d’Eric je dévie à gauche pour le doubler lorsqu’un missile sol air me dépose littéralement.. C’est Alain qui me passe à 20 cm.. Premier freinage avant le gauche.. je suis à l’intérieur.. je vois un trou et me faufile..pendant que la meute se rabat sur moi.. m’obligeant à prendre une corde bien serrée.. je suis content j’ai pris un bon départ..
En partant de la onzième ligne je ne peux pas être devant :)
Pas le temps de me reposer la dessus il faut envoyer, tenter de passer les furieux de devant.. 3,4,5,6 il faut freiner fort tomber trois rapport et.. impossible de prendre la corde, je vire au large sur les freins.. et ça passe et du coup je suis bien placé pour le gauche qui suit.. mais ça se ressère et je reperds deux ou trois places.. c’est chaud.. Dans la ligne droite, les hypersports (Panigale, RSV4..) que j’ai doublé au départ me déposent littéralement.. lorsque j’aperçois la tenue de Greg juste devant.. Je suis plus rapide dans Signes, je vais me le faire.. mais c’est sans compter sur les deux concurrents qui se disputent la place et qui m’obligent à freiner..
J’en double un à la sortie de Signes, l’autre dans le double droite du Beaucet et me retrouve à ses fesses.. je passe donc la ligne 7 dixièmes derrière lui.. Une petite voix me dit « Calmes toi.. ne tente pas un truc de malade au freinage.. ! Soit patient !! » j’attends donc .. en essayant de me rapprocher au maximum.. Un sentiment mitigé me traverse l’esprit.. d’un côté je suis content pour lui qu’il soit bien parti, de l’autre je suis obligé de passer.. Il faut que je le passe parce que la on ne rigole plus. Je le recolle au freinage de la chicane.. il rentre trop tôt et écarte.. il est mal placé pour le droite qui suit.. j’en profite et lui fait l’intérieur.. Ca c’est fait

Nous faisons deux tours de plus ensemble.. il me colle aux basques.., le 92 (Bryan) s’est intercalé entre nous, à moins d’une seconde.. il faut que je me détende, que je travaille mieux mes trajs.. que je prenne de la distance.. Bryan qui a du prendre mon aspi me fait les freins..
Ce sera donc une bataille à trois.. en fait à 5, Karl (# 71 nous passe) et se rapproche du #5, une Aprilia V2 surprenante #5.. nous emmenant dans sa roue.. je parviens par deux fois à faire l’intérieur à l’Aprilia dans le double droite du Beaucet grâce à ma meilleure vitesse de sortie de Signes mais il me repasse systématiquement dans la ligne droite.. je ne soigne pas assez le virage du pont, le droite qui précède la ligne droite des stands.. Cette Aprilia est vraiment vite.. les trajs sont propres.. et ça passe vite.. Elle ressort surtout plus vite que moi.. peu à peu elle grappille du terrain et je décide de ne plus chercher à la passer.. Après ma chute de la veille, il faut que je demeure raisonnable.. que je vois le drapeau à damiers.. je me concentre donc sur Bryan, le #92.. qui élargit au virage de l’hôtel dans le 7ème tour.. j’en profite et prend suffisamment de distance pour me mettre à l’abri.. Je me relâche un peu et fini assez détendu dans un chrono qui ne baisse pas.. Je suis donc 25ème, sixième au challenge SuperDuke (Arnaud Vincent et Mickael Fudala, loin devant moi, ne concourent pas dans le classement du challenge). J’ai remporté notre bataille interne.. l’essentiel est sauf. Ma petite incartade sur la grille de départ me vaudra d’aller rendre visite à la direction de course pour me faire sermonner (gentiment). J’avais un bon avocat en la personne de Flo de Salve :)
Le samedi soir, j’irai avec Robert Selezneff et Bruno Marlin prêter assistance à deux team en endurance, ceux d’Alain Frattini et de Bruno Langlois. Une expérience nouvelle et très enrichissante. Un véritable plaisir de se rendre utile et d’être aux premières loges pour voir comment ça se passe. Les vrais gladiateurs ce sont eux. Ces pilotes capables de rouler sur des machines anciennes et d’aligner, de nuit par un temps glacial, avec des pneus qui n’ont rien à voir avec les nôtres, des freins bien moins puissants.. des temps formidables d’une régularité surprenante pour le néophyte que je suis..
Ils sont tellement réguliers que le panneautage est facilité.. On sait à l’avance quand panneauter sans avoir besoin de reconnaitre la machine.. De nuit c’est moins facile même si chaque team à ses astuces pour ça.. Les deux team feront d’ailleurs un podium.. Celui de Bruno jouait d’ailleurs la victoire avant de connaitre un souci d’éclairage.. Reparti septième après deux arrêts non prévus pour dépanner, ils finissent à la troisième place au prix d’une remontée époustouflante.
Dimanche 14h : Seconde et dernière Course
Ma mauvaise qualification de vendredi me maintien à la même place sur la grille.. Ca va être encore chaud.. Alain est toujours derrière moi.. Cette fois ci je ne commet pas l’erreur de placement.. j’ai repéré un point du bâtiment correspondant à la onzième ligne..
Les feux s’éteignent et c’est.. mal parti.. Alain me passe encore plus vite que la veille, je sais pas ce que j’ai branlé mais je me suis complètement loupé.. ou les autres sont mieux parti (c’est aussi possible) mais je ne double personne, voir je me fait passer et me retrouve coincé au premier virage..
Je décide de ne pas m’exciter, de rester calme et de me faufiler dans les trous dès que possible.. Les deux premiers tours ne sont pas facile, il y a bagarre entre les concurrents de devant, c’est chaud..
et je ne souhaite pas prendre de risques inconsidérés.. nous avons tous peu ou prou la même puissance en ligne droite.. je dois donc patienter et me faufiler pour doubler quelques concurrents, un parfois deux par virage, en attendant que ça se dégage.. 33ème au premier passage, puis 31 au second, Ceux de devant ont commencé à prendre le large.. mais pas tous.. je reconnais la combinaison d’Adrien.. je me débrouille pour revenir sur lui et lui colle au basques.. A plusieurs reprises j’aurai pu tenter le dépassement mais je ne veux pas le mettre en danger..
j’attends donc le virage le plus lent du circuit pour lui faire l’intérieur de manière autoritaire.. ce qui l’oblige à écarter.. (Désolé Adrien mais il fallait que je le fasse)..
Je pouvais pas faire autrement.. :)
Greg est loin.. au troisième tour j’ai près de 7 secondes de retard.. je me dis que ça va être compliqué mais qu’il ne faut rien lâcher.. je gagne 2 secondes au tour puis trois et encore trois et je me retrouve à quelques longueurs.. Il à l’air en délicatesse.. ses trajs sont bizarres.. je reviens à trois secondes et remet un coup de collier (entendez de gaz) pour le recoller.. lorsqu’un drapeau jaune est agîté.. Zut, je peux pas le doubler aux freins comme je l’avais prévu.. je ralenti, Greg et la Panigale N°22 aussi..
Deux motos sont en feu sur le bord de piste, visiblement après une collision au freinage.. les pilotes sont debouts.. je me reconcentre et remet du gaz dès le drapeau vert en vue.. je soigne l’entrée et la vitesse dans Signes et revient comme un avion sur les deux de devant que je passe à l’entrée du double droite du Beaucet.. C’est bon mission remplie.. je l’ai eu, je lâche plus rien jusqu’à l’arrivée.. lorsque deux virages plus loin je vois le feu rouge clignoter… Merdum, ça va pas compter.. C’est le tour d’avant qui comptera.. L’histoire du Mugello se répète.. même si il vaut mieux être arrêté par la pluie que suite à un accident.. Je fini 27ème..
Morale de l’histoire, mieux vaut ne pas rater son départ et doubler ses potes rapidement..
Félicitations aux vainqueurs, à mes potes formidables et merci à tous les copains et copines croisés.
Une pensée toute particulière pour Serge qui a vu sa Panigale perso brûler.. sans pouvoir rien faire. Ca pour le coup c’est nettement moins drôle.
Un week-end formidable, pour la plupart et pour nous, se termine sur cette seconde course qui en appelle d’autres. Rendez vous à Magny-Cours fin mai pour la prochaine épreuve.
Merci Bruno

Merci à tous ceux qui ont, d’une manière ou d’une autre, aidé pour la tenue de ce week-end
Merci à ma femme de me supporter dans tous les sens du terme
