Voici un post d'un membre du forum de Caradisiac (mexicoauxerre) , avec une analyse bien enlevée sur la mauvaise réputation des 924 :
Lien direct :
http://www.forum-auto.com/marques/porsc ... htm#t84118
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L'intervention de Googou m'a amené, une nouvelle fois, à réfléchir à l'image couramment véhiculée par cette voiture.
"La Porsche 924 n'est pas une vraie Porsche".
Voilà, sans doute, ce qui résume le mieux tout ce qu'on peut entendre à son sujet.
La formule est brève, lapidaire, cinglante, définitive. Elle ne laisse aucune place à la nuance. Fermez le ban.
Parlons d'autre chose.
Pourtant, si l'on veut mieux appréhender ce que recouvre cette assertion, il est nécessaire de savoir qui la profère.
Selon moi, on peut diviser les pourfendeurs de la 924 en plusieurs catégories.
1) LES PILOTES
La première (et la plus infiniment rare) est celle des pilotes.
Quand la 924 est apparue, à la fin des années 70, on sortait à peine du règne des "tout à l'arrière" (Alpine, R8G, Simca 1000 Rallye, Ferrari, 911.. etc).
Beaucoup de pilotes, aguerris à la conduite de ces autos furent décontenancés par la nouvelle répartition des masses proposée par la 924. Ils la jugèrent moins efficace sur le plan sportif (ce qu'elle est sans doute) Et leur opinion, largement reprise par la presse "spécialisée" finit par enfoncer le clou dans la cervelle des lecteurs et des aficionados.
La Porsche 924 n'est pas une vraie Porsche. (comprendre : ce n'est pas une 911)
Cette opinion vaut ce qu'elle vaut mais, émanant d'authentiques connaisseurs, on ne peut que la respecter.
2) STARMANIA
La seconde catégorie ( plus nombreuse) est celle des possesseurs réputés"sportifs" de 911. Ceux que j'appelle assez méchamment "les pilotes de comédies musicales". On les rencontre essentiellement dans les rallyes historiques et les rassemblements de clubs. Ceux-là n'ont, pour la plupart, jamais conduit de 924.
La très grande majorité d'entre eux ne s'est même jamais assise à son volant.
Ça ne les empêche pas d'avoir un avis.
"La Porsche 924 n'est pas une vraie Porsche"
Évidemment, c'est le même que celui de la catégorie précédente. Copié-collé de ce qu'ils ont lu ou entendu et qu'ils assènent avec beaucoup d'aplomb, persuadés qu'ayant (presque) la même voiture et les mêmes opinions que Larousse ou Almeras, ils ont aussi le même talent.
Leur "pilotage" trouve toute sa mesure dans les portions rectilignes et c'est avec de tonitruants coups d'accélérateur que leur impétuosité s'exprime le mieux, notamment sur les lignes de départs...
A titre d'exemple, je peux citer deux anecdotes. La première, drôle, que j'ai vécue lors d'une démonstration sur le circuit de Magny-Cours, il y a quelques années : je venais de passer l'inflexion du Golf, aux alentours d'un timide 170, les fesses serrées et le front moite, quand j'ai été dépassé par une 911, tous phares allumés, qui devait, elle, taper un bon 240. Son fin pilote avait juste oublié qu'au bout, là-bas, loin, il y avait l'épingle d'Adélaïde. Allumage de roues, nuages de fumée, bac à graviers direct dans lequel il s'est jeté comme on se jette dans une piscine. Spectacle totalement lamentable mais que notre Derek Bell de sous-préfecture a dû largement enjoliver à son retour au paddock.
La seconde anecdote est plus récente et beaucoup plus tragique, c'est celle de la sortie de route de cette 911 Gr4 lors de la Montée Historique de Quintal. Là encore, la virtuosité et la frime était au rendez-vous puisque l'auto est sortie de la route non pas pendant la course en côte mais pendant la descente en convoi... Un mort, sept blessés.
Je suis sûr, pourtant, que ces deux éminents"porschistes" ont une opinion très pertinente et très arrêtée sur les qualités sportives sur la 924.
On comprendra que je la respecte un peu moins.
3) L'AVENUE MOZART
Une troisième catégorie (relativement nombreuse elle aussi) est celle des gentlemen-drivers des beaux quartiers. Pas un autocollant sur leur Targa 4S, pas plus qu'il y en avait sur l' ancienne 911 S de tonton Edgar ni sur la 356 de mamie Louise. Les chromes rutilent. Ça sent bon le cuir et la Gold Mastercard.
Là, on est Porsche juste pour afficher sa classe sociale. On ne dépasse jamais le 120. On est Porsche depuis toujours et on ne voit pas pourquoi on changerait. Eux n'ont pas vraiment d'avis sur la 924. Ils se rappellent juste le trouble qui avait gagné leur père lorsqu'il avait vu les prix de ces nouveaux modèles dans le hall Sonauto en 79.
"Y-aurait-il désormais des Porsche pour la populace? Les russes ont-ils franchi le Rhin? "Dites-moi, Pierre-François !.. cessez de me taquiner, ne me laissez pas une seconde de plus dans cet insupportable tourment..."
Probable qu'aucun d'entre eux ne s'est jamais exprimé sur la 924 (il y a tout de même des choses auxquelles on ne peut s'abaisser) pourtant, si on avait l'impudence de leur demander leur avis, il est évident qu'ils répondraient :
"La Porsche 924 ne peut pas être une vraie Porsche, elle n'est pas assez chère"
Cinq fois plus coûteuse, ils se la seraient arrachée.
C'est sur cet argument du prix que se rejoignent les deux dernières catégories (de loin, les plus fournies).
4) SEU KI KIFFE (grave) TURBO
D'abord celle que j'appellerai :"chapattophiles".
Là, on est dans du lourd, de l'épais.
Eux ne regardent que la 6 et ne rateraient "Turbo" pour rien au monde. Ils y voient des tas de voitures, qu'ils ne pourront jamais se payer, essayées dans des endroits où ils n'iront jamais mais ils prennent des notes et boivent les paroles du guru comme si leur vie en dépendait.
Dès le lendemain, ils ont déjà des avis autorisés sur tous les forums consacrés à la Bugatti EB110 ou à la dernière production de Maranello.
"tin, sa déchir grave la 420 Dino ! mdr! lol! Le tablodebor mortel !mdr!"
Bon... reprenons notre respiration.
Bien sûr, leur Seat Ibiza 5000 watts à angel-eyes et peinture nacrée fait un peu cheap comparée à ça mais ça n'empêche. Ils pensent que la Carrera GT postérisée dans leur piaule descendra, peut-être, un jour par la cheminée, pilotée par le père Noël.
Au fond, ils savent que ça n'arrivera pas mais ils s'en foutent. Ce qui les fait gauler, c'est d'en parler.
Plus c'est cher, plus c'est inaccessible, plus ça les sort de leur quotidien, de leur Jessica et de leur Brandon.
Hors, la 924 n'a pas de quoi les faire rêver. On en trouve dans Le Bon Coin a 2000 balles...
Alors, et comme Dominique n'en a jamais parlé, ils reprennent et colportent les opinions entendues ici ou là.
-"La 924 n'es pa une vrée Porsche, la preve sa coute mouin chère que mon anpli mdr!"
-"Et le Cayenne pour toi, Kevin, c'est une vraie Porsche ?"
-"bin, sa dépan, sa coute convien? lol"
Vous aimez les discussions entre fins connaisseurs et pilotes redoutables ? Je vous conseille ça
5) LES OUINEURS
Et puis, il y a l'autre catégorie également sensible à l'image et au prix : les parvenus. Ceux-là dirigent une entreprise de BTP (on les reconnait à leur menton volontaire et à leur eau de toilette), ou sont directeurs du personnel à la SOFROTEC (avec place de parking réservée sous le tilleul) ou encore bossent dans la com' (comme la lune).
Porsche c'est bien parce que c'est cher, que ça écrase le tout-venant. Les qualités de la marque, elle-même, ils en ont rien à branler. Ils veulent juste qu'on les envie (voir catégore précédente)
La Logan coûteraient 100 000 euros, ils rouleraient en Logan. Faudrait juste que Dacia sorte un SUV. parce que, pour eux, pas question de rouler au ras des pâquerettes. Faut dominer.
Leur Porsche, c'est le Cayenne. Rien d'autre. Le GTS, le plus cher. Enfin plus cher surtout que le modèle Diesel qu'a réussi à s'acheter le charcutier du coin.
Pour eux, la 924 est honnie parce qu'elle "salit" le blason de Stuttgart. D'ailleurs, ça devrait être interdit de coller l'écusson doré sur cette poubelle.
-"C'est à qui la merde garée sur le parking à côté de mon Cayenne ?"
-"Au laveur de carreaux, Monsieur le Directeur"
-"Vous me virez ça vite fait"
On l'aura compris, pour eux non plus, la Porsche 924 n'est pas une vraie Porsche.
POUR CONCLURE PROVISOIREMENT
Si l'on accepte, peu ou prou, mon classement et mes catégories, force est de constater que la plus grosse tare de cette voiture est incontestablement un prix trop bas. Si l'on exclut l'aspect sportif (et, là il faut reconnaître que la 924 n'a pas un gros palmarès) mis en avant par les authentiques pilotes, pour le reste tout tourne, en réalité, autour du fait que la 924 "brise" le rêve de ceux qui n'associent Porsche qu'à un symbole de réussite sociale.
Bien peu de ses détracteurs sont en mesure de préciser les défauts ou les qualités de la voiture en tant que telle. Ce qu'ils lui reprochent, avant tout, c'est de troubler leur imaginaire.
La chose mériterait sans doute quelques séances sur le divan d'un psychanalyste mais comme je ne crois pas que ce soit à l'ordre du jour, je crains que cette voiture ne traine longtemps encore son image négative, jusqu'à l'épuisement des nappes de pétrole probablement .